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Nicolas GRANGER, diplômé en 2015

 


 

Comment te définis tu en tant que designer ? Quelle est ta démarche ? Quelles finalités vises-tu ?


Aujourd’hui j’ai encore du mal me définir en tant que designer, tant ma pratique oscille entre l’artisanat, la création, la conception, le prototypage et la pédagogie. Je crois qu’il n’y a pas de terme pour arriver a englober toutes ces pratiques.
Je préfère dire que j’ai plusieurs activités et qu’elles se nourrissent entre elles, même si je tends de plus en plus à me présenter comme un artisan avec un regard de créateur. Car dans mon travail de création, j’ai quasiment éliminé l’aspect fonctionnel sur lequel on était tant à cheval pendant nos études. Mes créations relèvent plus de la sculpture ou du monumental. Souvent on me demande si on peut utiliser mes meubles et je réponds "c’est à vous de voir" !
Cependant, l’aspect fonctionnel je le retrouve (car ça n’a pas servi a rien quand même les études) et j’y porte plus d’intérêt dans mon travail artisanal, où j’effectue des décors, des scénographies, des agencements sur mesure et du prototype. Au final c’est plus ma pratique en atelier, notamment autour du bois qui fait le lien entre mon travail de création et mon travail de commande.
Cet équilibre j’ai pu le trouver grâce au temps, car la façon d’envisager mon métier a d’abord été floue, puis déséquilibrée, et enfin plus réfléchie et en accord avec mes souhaits.

 

Que retiens-tu de ta formation en DSAA (plus ou moins sérieusement) ?
Que t'a apporté le DSAA au LAAB ?


Déjà, Rennes : cette ville a été une superbe découverte et même si je n’y suis pas resté -je me suis longuement posé la question, mais je crois que c’est trop plat pour moi-. Sinon, des amis, des souvenirs et une équipe enseignante qui m’ont marqué en me faisant grandir, en comprenant ce que je voulais et valais. Puis ce sujet de diplôme, qui fut pour moi la première fois où je pouvais réfléchir dans sa totalité à un projet, des prémisses au concret. Et à chaque fois que je réitère des démarches de recherches comme celle-ci, je réutilise ces automatismes et ces méthodes. 
L’autre point important, que je répète souvent à mes stagiaires, c’est le fait de remettre en cause sans cesse ses idées et de les confronter à celles des autres, de ne pas être sûr de sa première idée et de « douter » sans cesse. Et ça quand je suis arrivé en DSAA, ce n’était pas gagné !

 

Quel est ton parcours depuis ta sortie du DSAA au LAAB ?

Une fois mon diplôme en poche je suis parti de suite au Portugal où j’ai effectué un stage dans un gros studio de design, celui de Christian Haas. Durant ces six mois j’ai énormément appris, tant sur le plan professionnel que personnel, outre la découverte de la gestion de gros projets, parfois étendus sur plusieurs années, du fonctionnement d’un studio entre les projets « rentables » et ceux où l’on se fait plaisir, d’une rigueur (allemande ?) et d’une organisation qui m’auront été bénéfique, je me suis surtout rendu compte de la nécessité de « faire » que j’avais en moi.

Ce besoin, je l’ai compris assez tôt dans mon cursus. En effet je me sentais bien et mes études avaient du sens quand j’effectuais un aller-retour entre bureau et atelier. C’est cette vision du design qui m’a poussé lors du stage entre les deux années de DSAA à rencontrer et travailler avec l’ébéniste-designer Loïc Bard à Montréal. Cette rencontre a été déterminante, car elle m’a montré que c’était possible. Et depuis ce jour là, j’ai su que je voulais faire la même chose. Et même si cette expérience au Portugal est arrivée après ma rencontre avec Loïc, elle n’a fait que renforcer cette envie de travailler en atelier et non pas derrière un bureau. Car les stages et les rencontres servent à affiner sa vision du design en sachant ce que l’on veut et ne veut pas faire.

Puis est venu le temps de trouver comment je pourrais mettre en pratique cette vision du design, et surtout où. De la volonté et de l’opportunité d’aller vers autre chose, un univers qui m’était inconnu, celui de l’associatif. Pendant un an j’ai travaillé en tant que service civique au sein de l’association Juste Ici, qui organise entre autre le festival d’art urbain Bien Urbain à Besançon. Ce fut une occasion pour moi de rencontrer une quantité de gens en très peu de temps et de me rendre compte que ce milieu associatif, je m’y épanouissais pleinement. L’autre prise de conscience a été la ville elle-même : j’avais enfin l’impression de trouver ma place, de trouver une ville où je me projetais, un environnement riche et stimulant avec une nature proche.

C’est donc tout naturellement que j’ai créé mon auto-entreprise il y a maintenant quatre ans et demi à Besançon. Au même moment j’ai lancé avec des amis du service civique et d’autres rencontrés dans ce tissu associatif l’association Hôp Hop Hop, qui fait vivre des bâtiments inoccupés, tout en questionnant la ville et l’espace public. Même si j’ai depuis lâché un peu les rennes de ce projet, nous avons monté un tiers-lieu en plein cœur de ville, qui a aujourd’hui trouvé tout son sens et sa place. C’est aussi au sein de ce lieu que j’ai pu installer ma pratique, avec mon bureau et mon atelier à coté !

 

Quel plaisir/fierté tires-tu de ta pratique de design actuelle (ou en devenir) ?

D’avoir pu trouver un endroit où je me projette et où mettre en pratique mon idéal de design ; en arrivant à comprendre et définir de plus en plus ce que je fais chaque jour. De pouvoir aussi vivre de mon métier et de développer des projets avec autres artisans ou designers qui m’amènent à nouer de belles amitiés ou voyager.
Et plus simplement de parler de mon activité avec le sourire et fierté.

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