Les étudiants de DSAA 1e et 2e année, mention Espace, viennent de passer une semaine dans le Morbihan sur la presqu’île de Ruiz. L’objectif : une semaine de workshop intensif visant à concevoir des micro-architecture pour ce territoire et faisant collaborer des binômes constitués d’étudiantes de 1e et 2e année.
Cette semaine de workshop s’est inaugurée par un exercice d’écriture comme impulsion du projet. L’objectif était de retranscrire par les mots son expérience du site, après l’avoir parcouru de long en large, s’y être immergé une journée, des terres, aux falaises, à la plage, à la mer, au village, s’être confronté aux embruns, aux habitants, aux vents, à la marée, au vertige … Cette première expérience du lieu fut parfois tactile, sonore, contemplative, discursive, dialoguante, fictionnelle, combative …
Ce texte constitua ensuite l’impulsion du projet de micro-architecture ou : comment faire revivre, valoriser, renforcer cette expérience par le dispositif spatial ? De cette expérience, des paramètres de projet ont pu être définis : temporalité, choix de site(s), usages et usagers.
La proposition spatiale devait ensuite être restituée par le biais d’une maquette réalisée en partie avec les matériaux trouvés sur le site et installée in situ. Les projets furent donc présentés en itinérance le dernier jour du workshop, suivant un parcours ponctué des dispositifs spatiaux proposés. Ceux-ci furent présentés à l’aide d’un second texte rédigé à partir du premier, qui intégrait la proposition de micro-architecture à l’expérience initiale.
Quelques extraits des textes produits lors de la première immersion dans le site :
« 12h51 Bleu profond.
Tu te souviens, il y a 15 ans quand on venait ici pêcher les coquillages avec les enfants ? Laura s’était faite pincer par un crabe !
12H54 Ocre rouge.
Personne.
Seul le bruit des vagues habite cette plage.
15H46 Blanc scintillant.
Regarde au loin, ce halo créé par le reflet du soleil sur la mer, ce sont les seuls rayons qui ont réussi à transpercer les nuages. Penses-tu que le vent va nous y mener ?
16H00 Orange vif.
Attention, gare le tractopelle, je crois que les demoiselles veulent passer ! »
Iona et Mélissa
« Sur les traces de l’océan, la roche témoigne de son passage à travers ses nervures. Dans cet espace accidenté, entre sable et algues, la végétation se mêle à la pierre dévoilant une large palette colorée.
La puissance de l’eau a façonnée la roche, formant ainsi plusieurs cavités obscures. Depuis l’extérieur elles semblent sombres, mystérieuses et intrigantes. Celles-ci révèlent de simples ondulations et des volumes aux profondeurs variées créant alors des sculptures ouvertes sur l’horizon.
Arrivée sur la plage, je me dirige vers ces interstices rocheux où l’eau a rongée leurs parois. L’envie de m’engouffrer dans cette grotte formée par la force de l’océan est intense. En semi obscurité, je distingue une matière cisaillée. Une algue rouge souligne l’entrée en amas de textures filandreuses formant un maillage dense. A l’intérieur les couleurs sont changeantes allant du vert jusqu’au rouge. »
Anne Sophie et Wendy
« (assises dos à dos)
- Tu es prête ?
- Attends je glisse sur mon rocher… c’est bon je suis stable et toi ?
- Je reste debout, d’ici j’ai une belle vue.
- Que vois-tu ?
- Un étang, des herbes folles, séchées par le vent. Je vois des silhouettes d’oiseaux sur l’eau ou cachés dans les herbes et je reconnais même quelques cygnes flottant sur l’étang. Mais tout me semble figé par l’hiver.
- Moi aussi je vois des oiseaux. Un en particulier, perché sur un poteau de bois près de moi. Il a la gorge rouge et les ailes jaunes. Mais mon paysage est différents, il y a du sable, des rochers et la mer à perte de vue. Au loin, je voie les voiles d’un bateau qui se confondent avec la terre.
- Mon horizon est dissimulé par des arbres et des maisons très laides qui dénotent avec mon étang, mes herbes, mes oiseaux…
- Je commence à avoir froid, le vent s’insinue sous mon écharpe, siffle dans mes oreilles, fait pleurer mes yeux et emmêle mes cheveux. »
Marion et Cyrielle