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Angèle FOURTEAU, diplômée en 2016

 


 

Comment te définis tu en tant que designer ? Quelle est ta démarche ? Quelles finalités vises-tu ?


Je suis designer indépendante depuis 2018, et je suis installée à Paris. Je suis spécialisée dans le design d’objet, et je mets en avant ma sensibilité au luxe et à l'artisanat haut de gamme dans mon travail.
J’aime intervenir sur plusieurs domaines : la création d’objet, de mobilier, autant que la conception d’espaces et de vitrines, et aussi la création d’accessoires de mode et de maison. Je suis également enseignante formatrice en 3D bijoux, et photographe. 
Mes pratiques variées me permettent de dessiner pour différents univers, et c’est cette pluridisciplinarité qui me plait dans mon quotidien. Je ne m’ennuie pas, et chaque projet est un nouveau challenge, une nouvelle histoire. 
Concernant ma "démarche", je définirai mon travail comme la recherche du beau et du bien fait; De la rencontre et du dialogue de la création. Du dessin juste, précis, où la conception est réfléchie en cohérence avec l’utile et l’esthétique. Mon parcours en France et à l’international m’a permis de rencontrer du monde et de m’imprégner de multiples savoir-faire, je cherche à valoriser ces métiers, ces matériaux, et ces histoires dans mes dessins. 
Mon objectif a toujours été celui de travailler en indépendante, cette première étape franchie me permet de réfléchir à la suite. Je souhaiterai monter mon studio de design, et travailler sur des projets tant dans l’édition, que la création sur mesure pour des espaces ou des galeries. 

 

Que retiens-tu de ta formation en DSAA (plus ou moins sérieusement) ?
Que t'a apporté le DSAA au LAAB ?


Le DSAA au LAAB m’a permis de souligner ce que j’appréciais et ce que je n’appréciais pas dans les diverses pratiques du design. 
Cette formation m’a permis de requestionner mon travail et bousculer ma façon de réfléchir. C’est vraiment après le DSAA, à l’EcaL, que j’ai pu concevoir la réalité de mes projets, me mesurer aux exigences des marques, et développer ma personnalité. 
Professionnellement, le DSAA m’a permis d’effectuer des stages extrêmement formateurs qui ont été moteurs dans la suite de mon parcours. La pluridisciplinarité mise en avant dans cette formation est un atout que j’ai pu mettre en avant par la suite. Mais c’est aussi et surtout avoir de très bons amis et des contacts dans diverses domaines, pouvant mener à des collaborations ou des réflexions en commun passionnantes.

 

Quel est ton parcours depuis ta sortie du DSAA au LAAB ?

Après le DSAA au LAAB, j’ai intégré l’Ecal - l’école cantonale d’art de Lausanne - en Suisse, pour une année de Master Design for Luxury and Craftsmanship, dont j’ai été diplômée en 2017. Cette formation professionnalisante est ponctuée de collaborations avec des maisons françaises et internationales, pour lesquelles nous travaillions selon des briefs et temps de projets rapides. Cette formation accueille une quinzaine de personnes de différentes nationalités. Les workshops sont dispensés en anglais, et une partie de l’année est réservée aux collaborations tandis que l’autre l’est à un projet personnel. J’ai ainsi pu travailler en partenariat avec Chopard, Vacheron Constantin, Christofle, des hôtels de luxe, des artisans souffleurs de verre, et horlogers.... J’ai dessiné une paire de lunettes anniversaire pour RetrosuperFuture, (exposée à Manhattan en 2018, et en Asie en 2019), et j’ai créé une collection de bijoux publiée par Trend Tablet.
A l’issue de cette année en Suisse, de retour en France, j’ai assisté le designer Christian Ghion à Paris, en stage dans un premier temps. J’ai pris le temps de voyager et de poser mon projet professionnel. Puis je me suis installée en indépendante en 2018 grâce à une première collaboration avec l'atelier Mydriaz. Un atelier de bronziers situé à Paris. Nous avons travaillé ensemble pendant plus d’un an et demi à la création de lustres monumentaux pour les boutiques Cartier. En parallèle, je me suis formée au dessin de bijoux à l’école Boulle à Paris. Grâce à ces cours, j’ai rencontré de nouveaux contacts et j’ai intégré l’univers de la bijouterie-joaillerie qui me fascine dans sa technique et sa précision. Je suis d'ailleurs, depuis 2019, enseignante formatrice en modélisation 3D appliquée au bijou au sein de l’Académie de Bijouterie Joaillerie, à Montreuil, en Ile de France en parallèle de mes activités.
J’ai également continué ma collaboration avec Christian Ghion comme assistante pendant 2 ans. Et, depuis janvier 2020, je travaille en tant que designer dans un bureau d'architecture d’intérieur à Paris, avec Gael Le Mauguen, du Studio GLM. Aujourd’hui, j'ai ouvert ma pratique du design à celle de l’architecture, et je découvre que dessiner et concevoir des espaces est un travail tout à fait complémentaire de celui de l’objet, et tout autant inspirant. Je mets en avant mon gout pour les belles matières dans de beaux espaces, et je rencontre les artisans qui permettent la réalisation de ces fantaisies. C’est très intéressant.

 

Quel plaisir/fierté tires-tu de ta pratique de design actuelle (ou en devenir) ?

S’il y a bien quelque chose que je ne regrette pas et dont je suis très fière, c’est d’avoir fait le choix de l’indépendance. Chaque jour est un challenge. C’est dur. Mais c’est ça qui me plait. Cette remise en question permanente, du comment être mieux, comment gagner plus, comment avancer, comment trouver des clients, comment leur faire comprendre le prix de la création…. Rester alerte, ouverte d’esprit, curieuse, attentif. Etre indépendant, c’est aussi apprendre à se connaitre, définir ses limites, son rythme, mais aussi savoir s’entourer des personnes qui seront piliers et toujours là pour motiver. 
En 3 ans, j’ai rencontré des artisans, designers, photographes, architectes, ingénieurs, juristes, artistes, éditeurs, start-upeurs, galeristes, vidéastes, des associations et quelques noms connus aussi avec qui j’ai collaboré… je suis fascinée. Le design est un métier de rencontres et ces derniers mois de crise m’ont prouvé que c’était grâce à ces rencontres et ces contacts que j’ai pu avancer, et en arriver là aujourd’hui. Être indépendante, c’est des hauts et beaucoup de bas ! Quand on est jeune, c’est compliqué. Les crises, comme la pandémie que nous traversons, mettent à mal beaucoup du quotidien de la vie d’indépendante, et certains secteurs s’en sortent mieux que d’autres : cela permet de se réinventer. Cela rend le challenge encore plus grand, j’ai hâte de me dépasser et de continuer à avancer sur ce chemin. 
Mon parcours et mes rencontres me rendent fière de moi aujourd’hui.

CRÉDITS IMAGES : Angèle FOURTEAU et Margaux Corda (série bijoux)