En décembre dernier, lors d’une petite escapade parisienne entre graphistes, nous avons eu l’occasion de découvrir et visiter l’Atelier Auger. Père et fils y travaillent ensemble depuis 2004. Cependant l’atelier lui-même existe depuis 1946, fondé à cette époque par Raymond Jacquet, repris ensuite par Francis Mérat, et plus récemment par M. Vincent Auger. Il s’agit d’un des derniers endroits où la pratique de la typographie manuelle existe encore. Celui-ci est alors équipé d’un matériel spécifique, notamment une fondeuse-composeuse Monotype, qui permet de fondre des caractères du corps 6 au corps 12 et une autre machine, la Supra Monotype, pour les caractères allant du corps 14 au corps 72.
Vincent Auger est donc spécialisé principalement dans la fonte de caractères et la composition typographique manuelle, mais également dans la gravure sur bois et cuivre, l’estampe (taille-douce, lithographie). C’est un véritable atout qui lui permet de jongler entre différentes techniques, pour apporter une valeur ajoutée à ses productions. Par exemple, certains livres d’artistes peuvent être composés grâce aux caractères en plomb pour le texte et accompagnés d’estampes en guise de visuels. à savoir que ces techniques essentiellement manuelles et artisanales, demandent un investissement considérable au niveau du temps de travail consacré à chaque ouvrage.
De plus, comme c’est une technique qui se fait maintenant très rare, et qui se veut donc plutôt onéreuse, l’Atelier Vincent Auger reçoit généralement des demandes particulières, d’une clientèle ellitiste et exigeante, principalement en lien avec les Métiers du Livre. Ainsi, M. Auger travaille notamment pour des galeries, des éditeurs, des sociétés de bibliophiles voire pour des artistes. Tous recherchent une qualité et une singularité lorsqu’ils viennent collaborer avec lui. Ainsi, les exemplaires réalisés sont le plus souvent effectués en tirages limités, au vue de la pratique manuelle, du temps de travail, de l’aspect minutieux et laborieux que demandent la technique. Dans ce sens, cela ajoute une certaine valeur aux ouvrages. à savoir que M. Auger se consacre à trois ou quatre gros projets par an.
Aussi, lors de mon stage à l’Atelier 2&3 Dimensions, spécialisé en sérigraphie, j’ai eu l’occasion de voir un projet débuté chez Vincent Auger pour la composition et l’impression typographique manuelle, et justement complété par 2&3 Dimensions pour la réalisation des visuels sérigraphiés. Ainsi, l’intérêt de cet ouvrage réside principalement dans la complémentarité des techniques artisanales utilisées, qui se mêlent et lui confèrent un caractère unique.
Marine Suire / DSAA1 design graphique / mars 2014